2021, Sleeping Church Records
« Le Carcolh t’attrapera ». Cet avertissement des anciens d’Hastingues (commune des Landes) ne pouvait être plus clairvoyant. Ce gastéropode fantasque issu du folklore landais, retranché dans sa caverne, faisait, d’après la légende, fuir les populations du siècle dernier. De là à dire que de ce lieu, le groupe girondin (exception faite pour la batterie) tire ses sons caverneux, il n’y a qu’un pas.
Dans ce siècle presque tout neuf, le Carcolh, c’est du bon gros doom qui prend aux tripes, qui certes, attrape les auditeurs, mais pour les laisser ancrés sur place plutôt que les faire fuir. Après un premier album « Rising Sons of Saturn » sorti en 2017, le groupe renouvelle l’expérience en approfondissant un peu plus dans les ténèbres à travers « The Life and Works of Death », enregistré avec un line-up légèrement différent au Heldscalla Studio (Raph Henry). Ce dernier opus empruntant son nom au dernier volume de Book of Blood de l’écrivain Clive Barker, est sorti en 2020 chez Sleeping Church Records. Il nous offre un lent et sombre voyage d’une cinquantaine de minutes dans une dualité parfaitement illustrée par ce magnifique artwork signé J.R Erèbe, l’eau s’écoulant en trait d’union entre les deux mondes que sont la vie et la mort.
L’œuvre se décompose en 6 morceaux tous singuliers. En ouverture, « From Dark Ages They Came », avec un chant clair et calme impose l’ambiance atmosphérique qui va s’assombrir au fur et à mesure de l’écoute. Du même acabit, on retrouve le morceau « Aftermath », où la voix de Sébastien, posée et profonde est mise en avant à la sauce gothique pour insister sur l’interprétation de ce poème de Frank Walker. « The Blind Goddess », hommage à Némésis, nous mène au paroxysme de l’oppression avec l’envolée des notes de guitare envoûtantes et percutantes ainsi que les riffs bien gras d’Olivier et de Quentin. Le morceau « Works of Death » apporte sa petite touche heavy là où le rythme saccadé de « When The Embers Light The Way » associé à des passages de growl nous empêchent de sombrer totalement dans la mélancolie. Enfin, « Sepulchre » offre à cet album un merveilleux final avec une lourdeur malaisante portée par la batterie de Benoît et le son vraiment gras de la basse de Mathieu.
BREF, c’est un album complet, éclectique et propre dont l’écoute ne lasse pas, même qu’on en redemande !
1. Pourquoi le choix d’un poème de Frank Walker et pourquoi cette place en plein milieu de l’album ?
Quentin : C’est un album construit autour du thème de la mort. La guerre des tranchées représente une sorte d’apogée de celle-ci dans tout ce qu’elle comporte d’absurde, à une échelle si monumentale qu’elle en est presque mystique. Écrire sur ce contexte nous semblait inapproprié par soucis de légitimité. Nous avons donc cherché sur le net des poèmes de soldats et sommes tombés sur celui de Frank Walker que nous avons trouvé très beau. Ce morceau tient cette position dans l’album car il nous tenait à cœur d’y apporter une respiration, du relief. De plus la transition avec l’introduction étouffante de Sépulchre fonctionne plutôt bien donc ce choix s’est fait assez naturellement.
2. Le titre de l’album est tiré d’un livre de Clive Barker. D’où vient cette idée ? Quel est le lien entre ce livre et votre album ?
Seb : Il s’agit d’une influence qui se retrouve dans la thématique de « The Life And Works Of Death ». La mort est envisagée comme une entité, son « œuvre » servant de combustible pour les textes. Les 6 morceaux de l’album sont autant de chapitres de cette biographie. Le clin d’œil à Barker est plus un gros coup de coude en fait, ses livres de sang ont marqué mon imaginaire, autant que les écrits fantastiques de Maupassant ou Poe. Sans parler de concept-album, on a trouvé que cette idée liait les morceaux entre eux et donnait au disque une certaine cohérence.
3. Quels sont les futurs projets et la/les prochaine(s) date(s) prévue(s) ?
Quentin : Nous avons quelques concerts de prévus au printemps 2022, notamment en compagnie de Nornes, et certainement d’un autre groupe de doom français mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant. Nous poursuivons aussi l’écriture du prochain album.
4. Tarte au citron meringuée ou fondant au chocolat ?
Quentin : Eh bien, sache que cette question a failli causer le split du groupe ! Clairement il y a une team fondant et une team tarte au citron. Je trouve que la tarte au citron est très largement au dessus mais le sujet est un peu trop « touchy » pour que je puisse développer et je ne tiens pas à avoir de problèmes.
_-Ma-_
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